Sujet de thèse IFSTTAR

 

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Fiche détaillée :

Titre : Mesurer l’acceptabilité située d’une technologie professionnelle - une approche longitudinale

Laboratoire principal - Référent principal   -     
Directeur du laboratoire principal   -  
Spécialité de la thèse Psychologie ergonomique - Psychologie du travail
Axe 1 - COP2017 - Transporter efficacement et se déplacer en sécurité
Site principal Marne-la-Vallée
Etablissement d'inscription CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS-PARIS
Ecole doctorale Abbé-Grégoire
Directeur de thèse prévu BOBILLIER CHAUMON Marc Eric  -  CNAM Paris  -  Centre de recherche sur le travail et le développement (CRTD) - EA 4132
Type de financement prévu Thèse sur contrat  - Ifsttar

Résumé

Contexte et objectifs :
Les systèmes de transport intelligents coopératifs (C-ITS) englobent un ensemble de technologies et d’applications qui permettent un échange efficace de données entre les composants et les acteurs du système de transport, entre véhicules (V2V) ou entre infrastructure et véhicule (V2I). Si le déploiement des services phase 1 a déjà commencé, de nombreuses questions restent à explorer telles que les enjeux juridiques, organisationnels, de gouvernance, techniques et de normalisation. Dans le cadre d’une coopération européenne, InDiD (Infrastructure Digitale de Demain) est un projet pilote de déploiement de C-ITS dont l’objectif est de développer et d’expérimenter des solutions innovantes phase 2 pour : améliorer l’expérience des usagers de la route, protéger les usagers vulnérables, améliorer la perception des usagers et des véhicules, ouvrir la voie à une mobilité accrue et autonome. Le projet est coordonné par le MTES. L'activité 2 est dévolue notamment à l’évaluation technique, sociale, sanitaire, juridique, environnementale et économique des systèmes C-ITS. L’un des impacts anticipés concerne l’organisation de l’exploitation routière. Les nouveaux services et outils impliquent nécessairement un changement dans l'organisation des opérateurs routiers, d'où des questions relatives aux procédures de travail, à l'acceptabilité ou aux méthodes de management de l'entreprise...
Verrous scientifiques :
De nombreuses approches cherchent à envisager les facteurs en jeu dans l’acceptation des technologies professionnelles ou personnelles. Ces approches envisagent différentes étapes de la relation à la technologie. L’acceptabilité sociale s’est plutôt intéressée aux phases antérieures à la manipulation de la technologie en mesurant les représentations de l’utilisateur à propos des caractéristiques de l’usage (attitudes, perceptions) et son intégration sociale (croyances, normes). L’acceptabilité pratique se penche plutôt sur la phase d’usage effectif, en particulier dans les premiers moments d’usage. Elle étudie l’expérience utilisateur au travers des dimensions telles que l’utilité, la facilité d’utilisation, la satisfaction ou encore le confort d’usage et émotionnel. Une dernière phase est qualifiée par différentes appellations : adoption, appropriation, acceptation située, symbiose... Elle recouvre l’expérience concrète des personnes avec la technologie et l’activité mise en œuvre. Elle s’intéresse moins à l’acceptation des technologies elle-même qu’à l’acceptation des pratiques qui sont permises, empêchées, transformées ou bien encore contraintes par l’usage du dispositif.
Par une approche longitudinale, partant de la conception à l’expérience d’usage, et passant par les phases de tests et d’expérimentation du dispositif, le doctorant cherchera à concilier ces différents niveaux d’analyse de l’acceptabilité et à tester leur pertinence pour les différentes étapes de la relation entre un salarié et une application professionnelle de communication et de gestion de l’activité. Cette question est d’autant plus intéressante que l’exploitation de la route n’est pas traditionnellement une activité instrumentée par des technologies.
Déroulement de la thèse :
Problématique
Il s’agit d’identifier les facteurs et les conditions qui peuvent rendre acceptables ces nouvelles modalités technologiques de travail par les professionnels de la route qui sont habitués à œuvrer selon des règles et des pratiques de métier, où l’outil technologique est rarement utilisé, voire totalement exclu. Basée sur une compréhension fine de l’activité, cette recherche vise à associer les professionnels dans l’analyse de leur propre travail et dans la co-conception du projet technologique qui en découlera ; ces artefacts venant nécessairement affecter la façon de penser, de faire et de collaborer dans le travail. L’objectif est alors d’identifier le plus précisément et le plus justement possible (i) les fonctions que devra proposer le système pour assister le professionnel dans ses pratiques et (ii) la place/le rôle que devra tenir ce dispositif dans l’activité afin de permettre aux salariés : d’exercer leur métier dans les règles de l’art (notions de qualité et de sens du travail), d’être en capacité de développer leur activité et de renouveler leurs compétences tout en conserver leur autonomie. De plus, ces environnements technologiques devront aussi être conçus pour être non seulement appropriés aux spécificités des utilisateurs et aux caractéristiques de leur activité, mais aussi suffisamment appropriables (adaptables) dans les circonstances toujours singulières de l’activité. Ce sont là les conditions nécessaires à l’adoption de ces systèmes en situation professionnelle. Dit autrement, la technologie ne doit pas seulement avoir du sens pour les futurs utilisateurs (sous-entendues qu’elles soient utiles, utilisables et bien perçues), il faut aussi qu’elle donne du sens à l’activité qui se réalise. La même technologie étant mise en œuvre dans des contextes différents (modes de management, procédures, qualification des salariés, gestion du changement), sur un temps long. Cette thèse offre la possibilité de comparer l’évolution et le résultat d’un processus d’implémentation en fonction de paramètres aux modalités à identifier. Il pourrait également être possible de mener une recherche- action en intervenant sur le processus sur certains sites pilotes volontaires.
Démarche de travail, méthode
La première phase du travail sera de positionner le système technique développé au regard de l’activité des professionnels de l’exploitation de la route et de l’organisation en place. Quels impacts personnels, identitaires, organisationnels, interpersonnels, collectifs peuvent être envisagés ? Quels leviers et contraintes peut-il introduire ? Pour cela, une étude approfondie des spécifications techniques est envisagée (analyse documentaire) à mettre en regard de l’activité actuelle mise en œuvre (observations instrumentées, auto-confrontation, entretiens individuels et collectifs, méthodes des incidences critiques, entretiens d’explicitation…).
La seconde phase sera de recueillir le point de vue des professionnels (entretiens et questionnaires) à différents niveaux hiérarchiques et à différentes étapes du déploiement technologique.
Comment les salariés considèrent-ils la technologie, leur interaction avec celle-ci, son impact socio-organisationnel, professionnel, identitaire ?
Caractère innovant
La thèse repose sur une démarche d’analyse qui se veut anthropocentrée (centrée compréhension de l’activité et des utilisateurs finaux) pour accompagner la conception du dispositif et créer les conditions acceptables et les ressources favorables pour l’adoption de ce nouvel environnement. Un autre apport de la thèse repose sur le développement de méthodologies ad hoc de recherche et d’intervention. Celles-ci devront en effet tenir compte des spécificités ainsi que des contraintes d’accès aux différents terrains de recherche investigués. Elles s’efforceront d’être les moins intrusives tout en tentant de rendre compte le plus fidèlement de l’activité qui se déploie. Ainsi, des méthodes d’autoconfrontation ou de verbalisation pourront être utilisées. De même il est attendu de simuler l’activité future probable qui se fera avec ce nouveau dispositif pour détecter les évolutions favorables ou défavorables dans les pratiques de travail, sources d’acceptation du dispositif. Là aussi, des méthodes innovantes, pour mettre en scène et tester le dispositif à différentes versions, seront déployées pour renseigner le processus de conception dans une démarche de développement itérative « pour et par » l’usage. Un dernier apport concerne les incidences/bénéfices socio-organisationnelles (dialogue social, mise en confrontation des pratiques, connaissance et reconnaissances des compétences et des périmètres d’action entre équipes), auxquels ce projet peut conduire. Il peut ainsi permettre aux collectifs de professionnels ainsi qu’aux différents acteurs/partenaires de leur activité, de réfléchir tous ensemble à l’amélioration de leurs conditions de travail, à l’optimisation des procédures et des ressources de travail. Dans une démarche de qualité de vie au travail, ce projet d’innovation socio-technique du travail peut être le prétexte pour rediscuter et repenser plus globalement les modalités d’exercice du travail qui ne vont pas ou plus, et pourraient s’accentuer avec l’arrivée de ce nouveau système technique.
Résultats attendus et valorisation
Les résultats attendus relèvent de l’identification des facteurs pertinents à prendre en compte pour comprendre l’acceptation des technologies en contexte professionnel à différentes étapes de l’implémentation allant du projet à la mise en œuvre effective. Ils relèvent également de l’identification des actions concrètes à mettre en œuvre (technologiques ou organisationnelles) pour faciliter la réussite des projets C-ITS auprès des exploitants de la route pour un déploiement plus large en France et en Europe.
Différentes valorisations scientifiques (communications et articles) et à destination du grand public (conférences professionnelles et ministérielles) sont envisagées.
Références bibliographiques
Bobillier-Chaumon, M.-E. (2013). Conditions d’usage et facteurs d’acceptation des technologies de l'activité : Questions et perspectives pour la psychologie du travail. HDR en Psychologie. Ecole doctorale Sciences de l’Homme, du Politique, et du Territoire, https://halshs.archives-ouvertes.fr/tel-01559686
Brangier, E., Hammes-Adelé, S., & Bastien, J. M. (2010). Analyse critique des approches de l’acceptation des technologies: de l’utilisabilité à la symbiose humain-technologie-organisation. Revue européenne de psychologie appliquée/European Review of Applied Psychology, 60(2), 129-146.

Mots-clefs: Acceptabilité située, étude longitudinale, C-ITS
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