Sujet de thèse IFSTTAR

 

English version

Fiche détaillée :

Titre : Attitude envers un mode de vie durable et acceptabilité des politique publiques

Laboratoire principal - Référent principal AME - MODIS  -  MARTINEZ frederic      tél. : +33 472142481 
Directeur du laboratoire principal GRANIE Marie-Axelle  -  
Spécialité de la thèse Psychologie sociale
Axe 3 - COP2017 - Aménager et protéger les territoires
Site principal Bron
Etablissement d'inscription UNIVERSITE LUMIERE- LYON 2
Ecole doctorale SCIENCES DE L'EDUCATION, INFORMATION ET COMMUNICATION, PSYCHOLOGIE
Directeur de thèse prévu MARTINEZ frederic  -  Université Gustave Eiffel  -  AME - MODIS
Type de financement prévu Contrat doctoral  - Université Gustave Eiffel

Résumé

Comment motiver et mobiliser les individus afin qu’ils adoptent un mode de vie plus respectueux des limites que leur imposent les équilibres de la déjà très fragilisée biosphère et du climat ? Dans quels cadres, avec quelles perspectives, dans quel contexte, les individus, les ménages ou les groupes en viennent-ils à envisager de changer de mode de vie, à réévaluer leurs valeurs, à bousculer leur quotidien pour des motifs qui touchent à la préservation de l’environnement et à une réalité aussi intangible pour certains que le climat ? La juxtaposition d’un enjeu global et lointain avec des solutions perçues comme se limitant à de simples « petits gestes » pourrait par son incohérence créer un profond sentiment d’impuissance, de lassitude, voire de rejet dans la population ?
Les dispositions règlementaires, les restrictions, les taxations et les incitations financières ciblées sur un comportement spécifique (e.g. Pour la mobilité durable : Zone à faibles émissions, taxation de véhicules polluant, prime à la conversion,…) semblent être des leviers évidents pour modifier les dits comportements. Ce type de politique publique peut néanmoins s’heurter à trois difficultés, à savoir les effets de réactance (Brehm, 1966), une faible motivation autonome (i.e. se percevoir comme étant à l’origine de son changement comportemental ; Deci et Ryan, 2002) et une incongruence avec le contexte socioéconomique de l’édification des préférences comportementales.
Tout d’abord, Il existe le risque d’un effet de réactance, qui consiste à restaurer un contrôle, ou un sentiment de liberté, dans un contexte où celui-ci paraît menacé (Brehm, 1966). Ainsi dans une société où la valeur autonomie est prégnante, les situations qui semblent déterminer de manière trop forte les choix des individus peuvent entraîner des réactions de choix alternatifs ou contraires, afin de rétablir le sentiment de liberté. Si les restrictions imposées à un comportement limitent à coup sûr sa réalisation, ces dernières peuvent être perçues comme injustes au niveau individuel et rendre « impopulaire » les actions en faveur de l’environnement ciblant un comportement différent. Ensuite, les incitations financières peuvent faciliter le passage à l’acte lorsqu’elles sont en place sans toutefois conduire à une stabilité de ce changement sur le long terme (Zeiske et al., 2021). Si nous renonçons au trajet individuel en voiture par obligation ou en n’envisageant que l’aspect financier, sans être convaincu ni du bien-fondé, ni des avantages de ce choix, il est fort à parier d’une part que si ces aspects disparaissent, ce renoncement risque de disparaître également. D’autre part, il parait raisonnable de supposer que ce renoncement n’ induira pas des effets de débordement positif (Truelove et al., 2014), à savoir un essaimage de la réalisation de comportements plus vertueux dans d’autres domaines que celui ciblé par la mesure, à savoir ici le report modal. Des recherches récentes montrent, en effet, que la motivation autonome est le type de motivation le plus efficace pour induire des effets de débordement positif (cf. Toussard et Meyer, 2024). Enfin, les politiques publiques ciblant un comportement spécifique peuvent se heurter à un contexte socioéconomique rendant impossible et/ou caduque le changement. Par exemple, il est possible de supposer que l’appel à la mobilité durable pour des habitants des zones rurales n’ayant pas accès à des modes de transport plus durables que la voiture et ne possédant pas les ressources financières pour l’achat d’un véhicule électrique peuvent être ressenties comme des agressions (Salvador, 2021) et par voie de conséquence dégrader l’attitude envers un mode de vie durable. Dans la même veine, l’appel à la sobriété pour les pratiques de consommation pour des milieux populaires alors qu’elle est ancrée dans leurs réalités quotidiennes (Comby et Malier, 2021), pourrait éloigner du changement de mode vie nécessaire aussi bien pour soi que pour le climat les moins privilégiés d’entre nous.
Si le cadrage oriente notre perception, il guide aussi nos décisions. Le cadrage, bien plus qu’un effet, est un véritable processus qui consiste à modifier le champ psychologique (Lewin, 1951) dans lequel celui qui prend une décision perçoit la situation de décision afin de transformer l’édition des perspectives pour créer une tension psychologique qui ne peut être réduite que par une modification de la préférence comportementale (Martinez, 2023). Comment construire au niveau individuel et collectif des cadres qui favorisent le lien entre enjeux globaux, action individuelle et acceptabilité des politiques publiques qu’il s’agisse de mesures restrictives, incitatives ou d’aménagement ?
Dès lors, ce travail de thèse aura plus précisément comme objectif d’explorer d’une part les impacts des contextes sociaux et de communication sur l’attitude envers un mode de vie durable. L’attitude devra être évalué selon le modèle tri-componentiel (Rosenberg et Hovland, 1960), à savoir sa dimension affective (i.e. les réactions émotionnelles), sa dimension cognitive (i.e. les connaissances et les croyance sur l'objet d'attitude, par exemple utile, efficace, …) et sa dimension conative (i.e. les intentions d’action). Le mode de vie est entendu ici comme un ensemble de pratiques de la vie quotidienne reliées entre elles dans plusieurs domaines qu’il faudra définir dans un premier temps, mobilité, pratiques d’achat et de consommation, alimentation, … Les contextes socioéconomiques (sexe, lieu d’habitation, classe sociale, …) ont-il un effet significatif sur cette attitude ? Quelles variables dispositionnelles sont liées significativement à cette attitude (matérialisme, valeur, rapport au temps,…). Quelle temporalité, quelle valence des conséquences mettre en exergue pour accentuer une attitude favorable. D’autre part, il s’agira d’étudier les liens entre l’attitude générale à l’égard du mode de vie durable et l’acceptabilité de politiques publiques cadrés vers des comportements spécifiques.

Les candidat.es à cette offre de doctorat doivent être titulaire d’un master en psychologie sociale et/ou environnementale. Ils/elles sont invité.es à proposer un « programme » de recherche (6 pages maximum), permettant d’aborder une ou plusieurs questions abordées ci-dessus .

L’impétrant sera accueilli sur le campus de Bon, au sein du laboratoire MODIS (Mobilité Durable, Individu et Société), rattaché au département AME (Aménagement, Mobilités et environnement) de l’UGE (Université Gustave Eiffel).

Cette offre de Doctorat s’inscrit d’une part dans les thématiques de recherche du laboratoire d’accueil , à savoir identifier les leviers pour impulser des changements de comportements vers des comportements plus sobres en énergie et améliorer l’efficacité des communications et d’autre part dans l’axe de recherche 4 du département, à savoir l’évaluation et l’acceptabilité des solutions et politiques publiques.


Bibliographie indicative

Brehm, J. W. (1966). A theory of psychological reactance. Academic Press.
Comby, J. & Malier, H. (2021). Les classes populaires et l'enjeu écologique : Un rapport réaliste travaillé par des dynamiques statutaires diverses. Sociétés contemporaines, 124(4), 37-66.
Deci, E.L., & Ryan, R.M. (2002). Handbook of self-determination research. Rochester : University of Rochester Press.
Lewin, K. (1951). Field Theory in Social Sciences, New York, Harper & Brothers.
Martinez, F. (2023). Cadrage et édification des préférences comportementales = Une approche psychosociale de la décision. Habilitation à diriger des recherches. Université Lyon 2.
Rosenberg, M.J. and Hovland, C.I. (1960) Cognitive, Affective and Behavioral Components of Attitudes. In: Rosenberg, M.J. and Hovland, C.I., Eds., Attitude Organization and Change: An Analysis of Consistency among Attitude Components, Yale University Press, New Haven.
Salvador, J. (2021). Modes de vie et environnement. Sur la réforme socio-écologique de la consommation. Vertigo, 1, 1-22.
Toussard, L., & Meyer, T. (2024). Autonomous communication with normative information facilitates positive spillover: promoting pro-environmental behaviors in a local setting. The Journal of Social Psychology, 1–21.
Truelove, H. B., Yeung, K. L., Carrico, A. R., Gillis, A. J. & Raimi, K. T. (2016). From plastic bottle recycling to policy support: An experimental test of pro- environmental spillover. Journal of Environnemental Psychology, 46, 55-66
Zeiske, N., Van der Werff, E., & Steg, L. (2021). The effects of a financial incentive on motives and intentions to commute to work with public transport in the short and long term. Journal of Environmental Psychology, 78, 101718

Mots-clefs: Attitude, acceptabilité, mode de vie durable, effet de cadrage
Liste des sujets
N'oubliez pas de contacter préalablement le référent ou le Directeur du laboratoire