Déterminer les particularités du piéton accidenté

Dossiers thématiques avril 2015 Sécurité routièreComportement humain

Jean-Louis Martin, Chercheur, épidémiologiste - Département TS2, UMRESTTE

Au cours des années 2000-2010 environ 27% des tués dans les accidents de la circulation routière, au sein de l'Union Européenne, étaient des piétons1.
En France, 489 piétons ont été mortellement touchés en 20122, soit 13,4% des tués. En se basant sur une description lésionnelle précise et un système de codification de la gravité, validé internationalement, le nombre de piétons blessés cette même année a été estimé à 25000, dont 4000 sévèrement atteints.
Les piétons constituent donc la quatrième catégorie d'usagers accidentés après les automobilistes, les utilisateurs de deux-roues motorisés et les cyclistes. Le nombre de piétons accidentés à tendance à diminuer depuis une dizaine d’années3.
Cette information peut être mise en relation avec  une légère hausse du nombre d'usagers de deux-roues motorisés et une diminution spectaculaire d’accidentés dans la catégorie des automobilistes.

Déterminer les particularités du piéton accidenté - Ifsttar - Jeunes usagers qui traversent une rue ©Sophie Jeannin - Ifsttar

Portait du piéton accidenté

Comme pour les autres catégories d'usagers, le piéton accidenté est majoritairement jeune. Ainsi les 10-19 ans sont les plus représentés parmi les victimes piétons pour les filles comme pour les garçons. Relativement aux nombres d'accidentés ou aux nombres d'habitants dans chaque classe d'âge, les plus de 70 ans sont cependant fortement représentés. Pour cette population, plus de 50% des accidentés ont dépassé 85 ans.
Comme pour toutes les catégories d'usagers, la gravité des lésions des piétons augmente avec l'âge, et particulièrement au-delà de 64 ans aussi bien en termes de létalité que de sévérité des atteintes lésionnelles.

 

Des blessures localisées selon les profils

73% des victimes piétons, souffrant d'au moins une lésion autre que mineure, ont une fracture. Les régions corporelles les plus touchées sont, dans l’ordre, les membres inférieurs, la zone tête/face/cou et les membres supérieurs. Plus spécifiquement, les jambes et les genoux sont les zones des membres inférieurs les plus souvent atteintes car directement impactées par le véhicule heurtant.
Les hommes sont en moyenne plus sévèrement touchés. Ils souffrent un peu moins fréquemment de fractures mais significativement plus souvent d'atteintes aux organes internes. Les zones de la tête, du thorax, et des jambes sont également les plus impactées.
Les femmes sont en revanche plus régulièrement atteintes aux membres supérieurs, aux genoux et surtout au bassin, avec un risque plus de deux fois supérieur à celui des hommes.
Les blessures à la tête et au thorax constituent la majorité des lésions mortelles, et une partie importante des blessures graves. Elles concernent tous les âges.

Des contre-mesures adaptées?

Les essais consuméristes de type EuroNcap incitent les constructeurs de voitures à améliorer leurs véhicules afin de diminuer les conséquences corporelles en cas de heurt d'un piéton. Ces essais,  actuellement focalisés sur les heurts de la tête, du membre inférieur et de la hanche, sont cohérents avec les études de l’Ifsttar. Ils pourraient être cependant améliorés avec un test spécifique aux atteintes du thorax qui constitue, après la tête, la deuxième zone des blessures les plus graves, voire mortelles.

 

 



1 WHO. WHO Global Safety, Decade for Action: Word health Organisation; 2013.
2 ONISR. La sécurité routière en France, Bilan de l'année 2012: La documentation française; 2013.
3 Martin JL, Lardy A, Laumon B. Pedestrian Injury Patterns According to Car and Casualty Characteristics in France. 55th Annals of Advances in Automotive Medicine (AAAM) Annual Conference; 2011 October 3-5, 2011; 2011.