Les concepts de féminité et de masculinité permettent de distinguer socialement et culturellement la femme de l’homme. Ils participent à la construction des stéréotypes de sexe qui s’imposent dans notre quotidien avec des expressions devenues populaires du type « femme au volant, mort au tournant ».

Les chercheurs s’intéressent à ces croyances infondées qui affectent directement le comportement des usagers de la route.

Des stéréotypes qui se construisent dès le plus jeune âge …
Les études scientifiques permettent de mieux comprendre les stéréotypes de sexe associés à la conduite et leurs effets potentiels sur les comportements. Ces recherches montrent que certains stéréotypes sont connus et intégrés par les enfants dès la classe de 6èmeⁱ. Ils se développent jusqu’à la période du permis de conduire, puis diminue avec l’âge et l’expérience des conducteursⁱⁱ.
Ainsi, la conduite est perçue comme une activité masculine dès l’âge de 11 ans. La compétence de l’homme pour la conduite est alors interprétée comme innée. Sa maîtrise du véhicule l’autoriserait à prendre des risques sur la route.
L’image de la femme au volant se construit alors en opposition. La femme est perçue comme naturellement moins douée pour la conduite automobile, son manque de maîtrise du véhicule l’obligeant à être plus prudente. Ces logiques de discours permettent d’expliquer la réalité des données de l’accidentalité routière, tout en maintenant les croyances sur des hommes plus compétents au volant que les femmes. 

… et qui affectent directement nos comportements  

Des recherches plus poussées dévoilent pourquoi et comment ces croyances peuvent affecter les comportements des conducteurs et des conductrices. Plus les individus adhèrent à ce type de stéréotypes et plus ils reproduisent les comportements de conduite typiques de ce groupeⁱⁱⁱ.

Ainsi, les chercheurs observent que le simple fait de préciser l’objet d’une étude, sur les différences de sexes dans la conduite, peut induire et même limiter les performances des participantes. Toutefois, dans le cas où des femmes et des hommes sont évalués, en même temps, sur un test de connaissance du code de la route, c’est du côté des hommes que l’on observe le plus d’anxiété. La crainte d’être comparé au stéréotype du conducteur irrespectueux des règles peut alors être ressenti^iv.

Ces croyances sociales affectent les comportements des hommes et des femmes au volant mais pourraient expliquer également pourquoi les femmes réussissent moins bien que les hommes à l’épreuve pratique du permis de conduire^v. Des études en cours permettront de mieux comprendre ce phénomène et, ultérieurement, de proposer des solutions pour y remédier.

i Granié, M.-A., & Pappafava, E., Gender stereotypes associated with vehicle driving among French preadolescents and adolescents. Transportation Research Part F: Traffic Psychology and Behaviour, 2011. 14(5), 341-353.
ii Degraeve, B., Granié, M.-A., Pravossoudovitch, K., & Lo Monaco, G., Social representations associated with men and women drivers among French adolescents and adults. Effects of perceiver’s age, sex, and socioeconomic status. Transportation Research Part F: Traffic Psychology and Behaviour, 2015. 34, 1-17.
iii Pravossoudovitch, K., Martha, C., Cury, F., & Granié, M.-A., Sex and age differences in the endorsement of sex stereotypes associated with driving. Spanish Journal of Psychology, 2015. 18(e100), 1-8.

iv Pravossoudovitch, K., Hommes au volant, femmes au volant. L’influence des stéréotypes de sexe sur les comportements de conduite déclarés et effectifs.Thèse de Doctorat en Sciences du Mouvement. 2016, Aix Marseille Université, UFR STAPS.

v Granié, M.-A., & Varet, F., « Passe ton permis d'abord ! » Pistes explicatives psychosociales aux différences de sexe dans la réussite au permis de conduire en France [“Pass your license first!” Psychosocial explanatory tracks to gender differences in passing the driving-license test in France]. Recherche - Transports - Sécurité, 2017. 33, 1-15.