Végétaliser les villes pour lutter contre les nuisances sonores
De la réduction des îlots de chaleur aux effets de la végétalisation sur le bruit
Avec l'extension du milieu urbain, l’augmentation des surfaces artificielles au détriment des surfaces naturelles a souvent des conséquences sur la qualité environnementale : îlot de chaleur urbain, pollution atmosphérique, bruit, etc. Lorsqu'elle est techniquement faisable, la végétalisation des toits et des façades peut être considérée comme une solution au développement durable des villes.
D'un point de vue purement acoustique, les effets de la végétation sur les ambiances sonores urbaines peuvent être considérés à l'échelle locale de la rue, à celle globale de la ville, en passant par celle du quartier. Pour chacune de ces échelles spatiales, ces effets peuvent être scindés en deux « familles » : les effets directs (liés aux propriétés absorbantes des infrastructures végétales, en particulier le substrat) et les effets indirects (liés aux modifications de la circulation de l’air, des gradiants de température provoqués par de telles infrastructures, qui influent indirectement sur la propagation du son). Ces effets ont été quantifiés dans des études antérieures, de manière essentiellement théorique ou numérique, pour un nombre limité de configurations et d'échelles spatiales (certaines études présentent une validation expérimentale sur maquette et des mesures in situ).
Ces recherches nécessitent donc des travaux complémentaires afin d’évaluer – numériquement et expérimentalement – l’influence de la végétation et de la météorologie sur les ambiances sonores urbaines, de l’échelle de la rue à celle du quartier. La prise en compte de ces nouveaux degrés de complexité dans les modèles développés à l'Ifsttar nécessite un travail de développement pour en étendre le domaine d'application.
Ces travaux du LAE sont notamment réalisés dans le cadre du projet ANR « VegDUD » (2010-2014) piloté par l’IRSTV, où le rôle du végétal dans le développement urbain durable est appréhendé par une approche mêlant les enjeux liés à la climatologie, l’hydrologie, la maîtrise de l’énergie et les ambiances. Ils permettent de quantifier l’influence de ces pratiques alternatives pour les espaces collectifs et privatifs sur l’ambiance acoustique, notamment à travers des indicateurs physiques classiques tels que les niveaux sonores et les temps de réverbération.
Cartographies des niveaux de pression sonore dans une rue, SANS (à gauche) et AVEC (à droite) façades végétalisées - Projet VegDUD (2010-2014).
Les niveaux de bruit sont représentés en couleur, du rouge (plus bruyant) au bleu (moins bruyant).
De la réduction du bruit urbain à la qualification environnementale des quartiers
Au-delà de la seule influence du végétal sur les ambiances urbaines, le projet ANR « EUREQUA » (2012-2016) se propose d'objectiver et d'apprécier la qualité environnementale d’un quartier à travers l’identification de critères et d’observables pertinents. Ceux-ci sont liés d’une part à la caractérisation de l’environnement physique (climatique, acoustique, qualité de l'air), et d’autre part à l’évaluation du cadre de vie par les habitants et les usagers.
Ces deux projets transdisciplinaires mettent en synergie de nombreuses compétences (urbanistes, sociologues, psychologues, physiciens, numériciens, etc.) et différents domaines de recherche (météorologie, hydrologie, acoustique, confort climatique, pollution, etc.). En collaboration avec différents organismes (Météo-France, École Centrale de Nantes, CEREA, LAVUE, CERMA, IRSTV, LISST, LPED, etc.), il s'agit d'évaluer à terme l'impact de divers scenarii d'aménagements urbains (végétalisation du tissu urbain, requalification d'un quartier, modification du réseau de trafic routier, etc.). Ceci s’inscrit dans une démarche globale et systémique considérant les pratiques des usagers (résidents ou passants), comme l’approche sensible et sociale de leur relation à l’environnement (enquêtes, parcours commentés, etc.).