LIA ECOMAT : l'Ifsttar et l'Université de Sherbrooke ensemble vers la construction durable

« Travailler sur les écomatériaux avec une approche multi-échelle, de la molécule à la structure. » Directeur du groupe de recherche sur le ciment et le béton à l'Université de Sherbrooke, Arezki Tagnit-Hamou résume ici l’intérêt du LIA ECOMAT (Éco-matériaux pour les Infrastructures et le Bâtiment) qu’il codirige avec Loïc Divet à l’Ifsttar (directeur du CPDM). Créé en 2016, ce laboratoire sans mur a organisé son 4^e colloque le 27 juin dernier sur le site de l’Ifsttar à Nantes. Ce temps d'échanges organisé chaque année en alternance entre les deux pays a rassemblé la quarantaine de chercheurs canadiens et français et leurs étudiants impliqués dans ECOMAT pour développer de nouveaux matériaux durables, performants et à faible impact environnemental. Ils avaient aussi invité des chercheurs d’autres institutions et des industriels.

Experts dans les domaines des écobétons, des matériaux biosourcés ou de la conception et l’auscultation des structures, les membres d’ECOMAT portent 10 projets de recherche. Ils s’intéressent notamment à la valorisation des sous-produits industriels et des matériaux locaux, à la réduction de l'empreinte environnementale générée lors de la fabrication des matériaux de construction, à l’utilisation de fibres végétales, à la durabilité des câbles de transport d'énergie, au béton fibré à ultra performance avec poudre de verre (BFUP–PV), etc. « Notre objectif est de développer des éco-matériaux plus durables et au moins aussi performants que les matériaux traditionnels, et d’assurer un transfert rapide vers des produits ou des techniques de constructions industrielles » précise Arezki Tagnit-Hamou. Les défis à relever ? « Notamment le développement des propriétés des liants à jeune âge, c'est-à-dire que les matériaux développent plus rapidement leurs performances mécaniques, la recherche de formulations performantes (meilleures associations de composites, dosage optimum...) ou encore l'amélioration de la durabilité des matériaux bio-sourcés et l’acceptation de tous ces matériaux par l’industrie de la construction. »

 « La recherche et l'industrie évoluent très rapidement et se développent avec des expertises très variées. Il est nécessaire de mutualiser les équipements et compétences des chercheurs, assure le directeur d'ECOMAT. Avec ce LIA, l'Ifsttar apporte par exemple son expertise dans les domaines de la modélisation ou de la physico-chimie des matériaux organiques et minéraux, et l’Université de Sherbrooke ses compétences sur la microstructure, les propriétés mécaniques et la mise à l'échelle par la réalisation de démonstrateurs. » Chaque projet du LIA repose sur au moins un binôme franco-canadien associé à un doctorant en cotutelle. « Il acquiert des connaissances à l'interface des expertises canadiennes et françaises, précise Arezki Tagnit-Hamou. C'est très formateur car le doctorant est aussi exposé au monde industriel grâce à nos partenariats avec des producteurs, des entrepreneurs et des gestionnaires d’infrastructures. Il obtient par ailleurs un double diplôme reconnu en Amérique du Nord et en Europe. »