En route vers le 1er convoi multi-marques de poids lourds semi-autonomes

ENSEMBLE a été lancé en juin 2018 pour étudier le potentiel du « platooning », ou circulation en convois de poids lourds, sur le réseau autoroutier européen. D'ici trois ans, le projet devrait aboutir au premier essai grandeur nature de convois de poids lourds multi-marques et transfrontaliers. Réunissant vingt partenaires industriels et académiques, dont l'Ifsttar, ce consortium tient sa première assemblée générale dans les locaux de l'institut du 27 au 29 mai.

En Europe 80% du transport de marchandises s'effectue par la route. Tandis que le nombre de poids lourds en circulation devrait augmenter de 40% d'ici 2050, la question de l'optimisation du fret routier devient chaque jour plus prégnante. Le platooning, à savoir la circulation en convois de camions semi-automatisés, fait partie des solutions envisagées par l'Union européenne pour augmenter la capacité du réseau routier existant, la sécurité routière et le rayon d’action des véhicules, tout en réduisant la congestion et les temps de parcours pour le transport de fret. En outre, le platooning peut potentiellement apporter une partie de la réponse à la pénurie annoncée de chauffeurs routiers et accroître la compétitivité des transporteurs.

Le projet ENSEMBLE (ENabling SafE Multi-Brand Platooning for Europe), lancé en juin 2018, vise à évaluer les effets du platooning sur les infrastructures, la logistique, la fluidité du trafic et les comportements des usagers de la route ainsi que ses bénéfices potentiels. « Il fait suite au challenge European Truck Platooning, une démonstration de circulation de six convois mono-marques réalisée en avril 2016 à l’initiative de la présidence néerlandaise de l’Union européenne » rappelle Odile Arbeit de Chalendar, représentante de l’Ifsttar à Bruxelles au sein du Club des organismes de recherche associé (Clora). ENSEMBLE entend toutefois pousser la démarche plus loin en ouvrant la voie à la mise en place de pelotons de camions multi-marques, transfrontaliers et intégrés dans le trafic courant de façon opérationnelle.

Les camions qui prendront part à cette nouvelle expérimentation seront connectés entre eux, et équipés de capteurs pour l’aide au contrôle longitudinal et latéral (radar, lidar, caméras, etc.). Ils disposeront aussi de systèmes de freinage d’urgence et de maintien de trajectoire efficaces et sûrs. Ainsi équipés, les poids lourds pourront circuler avec un intervalle de 10 mètres entre chaque véhicule. « Sachant que la distance de sécurité entre poids lourds est actuellement de 50 mètres en Europe, le platooning devrait donc accroître la capacité du réseau routier tout en réduisant la consommation de carburant grâce à une réduction des forces de poussées et traînée aérodynamiques » explique la représentante de l'Ifsttar à Bruxelles. Les chauffeurs de ces convois étant par ailleurs moins sollicités, à l'exception du conducteur de tête, le rayon d'action des poids lourds qui les composent pourrait potentiellement augmenter de 30%, passant ainsi de 720 km à 950 km.

« L'Ifsttar va développer des modèles pour évaluer l'impact du platooning sur les infrastructures »

Mené au titre du programme européen H2020, ENSEMBLE dispose d'un budget de 20 millions d'euros sur trois ans. Outre les six principaux constructeurs européens de véhicules industriels (DAF, Daimler, Iveco, MAN, Scania et Volvo Group), le projet rassemble les équipementiers NXP, ZF et Wabco ainsi que plusieurs organismes de recherche européens comme l'Ifsttar, TNO et IDIADA. « En amont de cette expérimentation, l’Institut va développer des modèles permettant d’évaluer l'impact du platooning sur des infrastructures, des chaussées ou des ponts » détaille Odile Arbeit de Chalendar.

 

Un an tout juste après le lancement du projet, la première assemblée générale d'ENSEMBLE se déroule au siège de l'Ifsttar, à Champs-sur-Marne, du 27 au 29 mai. L’occasion pour les membres du consortium de faire un premier bilan sur le niveau d'avancement des différents paquets de travail (WPs) qui constituent le projet, dont le WP4 animé par l’Ifsttar autour de l’impact sur les infrastructures, la logistique, l’écoulement du trafic et le comportement des autres usagers. « Pour l'heure, notre objectif principal est de définir un protocole de communication standardisé entre les différentes marques de poids lourds pouvant être reconnu de manière transfrontalière » précise Odile Arbeit de Chalendar. Une fois cette étape franchie, les premiers essais de convois multi-marques pourraient avoir lieu dès 2021. 

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